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Association Madig
14 mars 2015

Bilan du projet alphabétisation de femmes au Bénin :-)

Par Delphine Logiou-Nicolas, Présidente de l’Association Madig

Notre intervention dans le cadre du projet « alphabétisation de femme au Bénin :-) » prend fin.
Dans chacun des deux groupes, les Dames ont la possibilité de poursuivre leur formation.

- A Gbézé,

7 femmes ont acquis l’intégralité de compétences visées (Comp_tences___travailler__fiche_individuelle). Celles-ci sont maintenant aptes à travailler en autonomie pour poursuivre leurs progressions en lisant des ouvrages en français régulièrement.
Chacune a reçu 1 manga. Elles sont 14. 14 mangas sont donc présents dans le village, juste au niveau des Dames ; elles ont donc la possibilité de s’organiser pour tous les lire.
D’autres ouvrages ont été confiés aux bons soins du CLAC (Centre de Lecture et d’Actions Culturelles) de la commune d’Aplahoué (dont fait partie le village de Gbézé) qui leur est ouvert gratuitement, et de l’école du village.
Que ce soit directement et indirectement, elles ont donc la possibilité d’accéder à des mangas (ouvrages qu’elles connaissent donc non « anxiogènes »), mais aussi à d’autres livres abordant des thèmes très variés.
Sept de ces Dames sont également en capacité de transmettre leurs compétences à d’autres adultes. Elles ont été identifiées officiellement et l’information a été transmise via plusieurs canaux. Libre à elles maintenant de choisir de partager ou non. Libre à celles en difficultés de leur demander de l’aide ou non.

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 Philomèneeeeeeeeeee :-)

 

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 Pleurer de rire en travaillant. :-) Apprendre dans la bonne humeur, c'est quand même sympa ! :-) :-)

 

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 Momo, Mimi et les mangas (photo parue dans "Le Monde")

 

P1090579Agnès (à gauche) apprend à lire et à manipuler les nombres à Agnès (à droite)

 

- A Tchatéhoué,

le nombre de séances a été bien moindre. Cependant, les Dames ont pris plaisir à apprendre, à s’asseoir pour écrire et à mémoriser de nouvelles notions en français. Il reste beaucoup de travail avec ce groupe mais l’élan a été donné. Une jeune femme enseignante en attente de passer de nouveau le concours dans l’enseignement primaire public vit dans le village. Cette Dame assiste aux cours et nous avons co-animé plusieurs séances. Elle m’a dit être intéressée pour reprendre la suite après mon départ. Je l’ai identifiée comme telle auprès des Dames.
Qu’elle tienne ou non son engagement, les moyens sont aussi présents dans ce village pour permettre à de nombreuses femmes d’apprendre à lire, écrire et parler français si elles le souhaitent. L’accès au local que nous avons occupé dans l’école du village est accessible via la formulation d’une demande au directeur de l’école par le chef de village.
Elles ont elles aussi reçu chacune un manga (soit 20 ouvrages). Pour elles également, il est possible d’accéder aux mangas au CLAC d’Aplahoué (le village fait aussi parti de la commune), mais aussi indirectement via l’école du village.

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Des petites curieuses n'osant pas rentrer par la porte ... la curiosité est une jolie qualité ! :-)

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Les enfants et les mangas

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Odile (au premier plan) et Aubiège (et le pied de son petit garçon ! ) :-)

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- Les cours d’informatique :

Ceux-ci se déroulaient chez nous, avec notre matériel personnel. Comme nous n’avions que 2 ordinateurs, seules 2 femmes ont participé à cette action. Je crois en effet que pour apprendre, il n’y a rien de plus efficace que d’être actif et de faire soi-même, plutôt que de regarder faire. Le nombre de participantes a donc été très restreint, mais je crois qu’il n’y avait pas d’autre choix pour que ce travail puisse être efficace. Les cours étaient basés sur l’apprentissage des bases informatiques telles que définies dans le « B2i école ». Elles ont donc appris à allumer un ordinateur, à l’éteindre, à manipuler la souris, à trouver des fichiers dans des dossiers, à utiliser les bases de traitement de texte (saisie, copier-coller, mise en forme, insertion d’images, travail sur les images, etc), à faire des recherches sur internet pour s’informer sur des sujets leur tenant à cœur en utilisant un moteur de recherche et des termes-clés qu’elles ont par ailleurs appris à définir via le travail de catégorisation mené pendant les cours d’alphabétisation et prolongé ici, elles ont créé leur adresse mail, envoyé et réceptionné des mails, ouvert chacune un compte sur un réseau social en recherchant d’éventuelles connaissances (l’une d’elle a d’ailleurs pu reprendre contact avec une partie de sa famille qu’elle n’avait pas vu et avec qui elle n’avait plus de nouvelles depuis plusieurs années). Leur prochain contact avec un ordinateur sera peut-être loin dans le temps, mais elles n’auront pas peur de s’en approcher.

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Olakotan

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Koudi

 

 

Le projet se termine donc plus tôt que prévu (fin initialement prévue au mois de mai 2015), mais je ne crois pas que poursuivre cette démarche serait désormais efficace dans les faits. En effet, les limites de la pertinence sont atteintes, et il appartient désormais à chacune de se prendre en main, pour s’organiser collectivement afin de poursuivre cette action d’alphabétisation. Dans un village comme dans l’autre, elles ont de clés et un chemin bien indiqué si elles souhaitent le suivre.
Pour sortir de l’assistanat ô combien plus que présent ici via les ONG, diverses fondations et autres missions humanitaires, je suis persuadée qu’il convient de les laisser seules parcourir le chemin qu’elles souhaiteront parcourir. Je souhaitais provoquer un élan, apporter une petite graine, c’est fait. Pour ce qui est de l’entretien de cet élan, de la culture de cette graine, cela ne relève pas de ma responsabilité.
J’observe ici une grande difficulté de nombre de personnes à sortir « d’aides » dont ils n’ont pourtant pas réellement besoin. Quand l’assistance devient assistanat, les conséquences sont finalement contre-productives et ne permettent ni n’incitent chacun à se prendre en charge.
Concernant l’alphabétisation en elle-même, elle est davantage ressentie par les Dames comme une envie plus que comme un besoin. En effet, la prévalence d’analphabètes fait que l’environnement quotidien est globalement adapté à des personnes n’étant en capacité ni de lire, ni d’écrire… pourquoi faire l’effort dans ce cas ?
La très grande majorité des Dames ont suivi la formation pour être en capacité de suivre la scolarité de leur enfants…non pour elles.
Concernant le besoin d’alphabétisation à une autre « échelle », l’évolution mondiale et l’importance grandissante des moyens de communication feront leurs effets, le temps s’occupera du reste.

Outre les bénéfices liés aux « connaissances scolaires » et à « l’élan », la rencontre de personnes de surcroît de cultures différentes, apporte toujours un nombre considérable d’effets positifs, pourvu que chacune soit ouverte et tolérante … ce qui était le cas d’un côté comme de l’autre. De jolis liens ont été tissés, des sourires, des idées, de beaux moments échangés. Ce fut, je crois, très positif pour chacune. Avoir aussi conscience pour elles que des femmes ailleurs peuvent être libres, capables de faire leurs choix, de gérer leur vie, etc, leur ouvre des images de possibles pour leurs filles.
De mon côté, j’ai découvert des femmes extraordinaires, et des manières d’abord de certaines situations, surprenantes. J’ai découvert des fonctionnements humains qui, bien que différents et à mille lieues du mien, se retrouvaient pourtant liés par de très nombreuses constantes. J’ai senti des valeurs universelles … d’autres l’étant moins.
Parmi celles l’étant moins, pour un nombre non négligeable d’hommes croisés ici, découvrir qu’une femme n’était pas l’appendice d’un homme, qu’elle pouvait refuser, lui montrer ouvertement son désaccord, qu’elle était capable de se débrouiller sans homme, qu’elle pouvait ne pas vouloir se marier par choix sans pour autant n’avoir rien « contre » eux, etc, a été une surprise autant qu’une incompréhension des plus complète … et un combat sincèrement fatiguant mené tous les jours.

Le projet se termine donc pour notre part ; aux béninois maintenant de décider s’ils souhaitent ou non le poursuivre.
Des diplômes vont être envoyés sous peu aux Dames ayant suivi la formation de manière assidue. L’ensemble des compétences individuellement acquises seront inscrites au dos du diplôme. Un petit cadeau pour chacune complètera cet envoi.

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Avec le Major et Maïa, en route vers Gbézé

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Diplômes qui seront envoyés d'ici peu aux Dames. Les diplômes sont remis en fonction de l'assiduité aux cours. Les compétences acquises individuellement seront écrites au dos de chaque diplôme. Une petite surprise sera envoyée en plus à chacune. :-)

 

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Le projet « Manga for Africa » (http://www.mangaafrica.com/)
Concernant les mangas généreusement donnés à l’Association Madig par Hélène Yi Gaillard et Yveline Oly Vu et acheminés jusqu’à Aplahoué grâce au financement de l’Ecole de Manga de Montréal dans le cadre de son projet « Manga for Africa »

Après des difficultés à récupérer les mangas (2 mois de blocage à Cotonou alors que ceux-ci n’avaient mis qu’un mois à parcourir le trajet entre Lannion et Cotonou par bateau), ceux-ci ont été découverts avec un mélange de joie et de perplexité par les femmes. La culture japonaise est très éloignée de celle sub-saharienne … mais les histoires d’amour, universelles elles, sont toujours les bienvenues et ont été plébiscitées par les Dames des villages.
La principale activité avec les mangas au cours du projet d’alphabétisation a consisté en un service de prêt d’ouvrages. Au début et à la fin de chaque séance, les Dames avaient la possibilité d’échanger leurs mangas. Un temps était aussi dégagé pour que celles qui le souhaitaient, puissent parler de leur manga terminé ou en cours de lecture. Elles avaient aussi la possibilité de les lire dans les moments « creux » pour elles, au cours des séances d’alphabétisation. Cela s’est fait spontanément. Les Dames, très sensibles à la présence des images, ont la plupart du temps, apprécié ce support. Je crois que la bande dessinée (manga ou non) est un support excellent pour accompagner des personnes dans l’apprentissage de la lecture ainsi que dans l’apprentissage d’une langue (car rappelons-le, la plupart de ces femmes avaient un « petit » niveau de français (niveaux A1 à B1 du CECR en fin de projet), même si, par ailleurs, elles maîtrisaient 4 ou 5 autres langues (adja, fon, etc)).
Pendant les cours d’alphabétisation, l’espace était ouvert aux enfants et à toute personne ne perturbant pas les cours, et les livres étaient laissés à leur disposition. Les enfants avaient le droit de consulter les mangas sur place et ils ont particulièrement accroché à ce support … d’où la décision (avec l’acceptation et la volonté des équipes pédagogiques des écoles concernées), de confier ces ouvrages aux écoles où ces enfants étaient scolarisés.

Le temps global d’exploitation de ce support dans le projet a été restreint du fait du choix de clore le projet plus tôt que prévu initialement. Peu d’activités ont par conséquent pu être mises en place avec les mangas. Malgré cela, elles n’auront pas été sans utilité et chacune des Dames ayant reçu un ouvrage, le manga reçu est un livre présent à la maison (et souvent le seul).
Que ce soit par des exploitations théâtrales (jouer des extraits de mangas, donc passer d’un support écrit lu à un support oral vécu, improviser la suite d’un manga ou d’un extrait pour s’exprimer en français et imaginer une suite en prenant en compte les éléments lus dans le texte, etc), par la création de mangas (expression en langue française par écrit, élaboration d’un récit, etc), par des échanges entre différents groupes utilisant le manga comme support pédagogique (confrontations d’idées et d’opinions sur une série de mangas ou sur un ouvrage en particulier, échange d’ouvrages ayant plu, etc), ou encore par de nombreux autres moyens, les mangas sont un support porteur. J’espère que les enseignants des écoles ainsi que le CLAC d’Aplahoué qui ont reçu des mangas dans le cadre du projet « Manga for Africa » saisiront la chance qui leur est donnée, car l’envoi d’autres ouvrages est possible s’ils mettent en place des exploitations pédagogiques intéressantes.

Concernant la question récurrente liée à l’utilisation de ce support : le sens de lecture. Il m’a été maintes fois rapporté comme questionnant et compliqué pour apprendre à lire dans les imaginaires. De mon côté, j’ai constaté (et j’avais déjà fait ce constat avec des adolescents déficients intellectuels en France donc je n’avais aucun doute sur cette difficulté plus que limitée) que ce sens de lecture japonais (de droite à gauche) ne pose que très peu de difficultés, et encore moins avec ces Dames ne fréquentant que rarement l’écrit, donc n’étant pas quotidiennes de l’utilisation du sens de lecture conventionnel du français. Lire de gauche à droite comme lire de droite à gauche est une convention. Tout comme il est rapide d’apprendre à tourner une clé dans « l’autre » sens pour ouvrir une porte ayant sa serrure montée à l’envers, le sens de lecture ne pose pas plus de problème que ce « problème » de serrure … quand on souhaite autant lire un livre qu’ouvrir la porte. ;-)


Concernant les distributions des mangas, ils ont été partagés entre plusieurs partenaires pour une poursuite de ce superbe projet « Manga for Africa » au Bénin :
- l’école élémentaire de Gbézé (commune d’Aplahoué, région Mono-Couffo) ;
- l’école élémentaire d’Avegodo A (commune d’Aplahoué, région Mono-Couffo) ;
- le CLAC (Centre de Lecture et d’Actions Culturelles) d’Aplahoué (région Mono-Couffo) ;
- l’école élémentaire de Tchatéhoué (commune d’Aplahoué, région Mono-Couffo) ;

Chacun de ces partenaires a été mis en relation avec le responsable du projet « Manga for Africa », Mr Tarek Kassem.

Comme indiqué précédemment, les Dames ayant participé au projet d’alphabétisation de l’Association Madig ont reçu chacune 1 manga (villages de Gbézé et de Tchatéhoué, commune d’Aplahoué, région Mono-Couffo)

Bilan : positif ++ ! Je souhaite une franche réussite à Grégory qui a repris le flambeau pour ce versant des mangas sur ce territoire.

Par ailleurs, dans la poursuite de ce projet de « Manga for Africa », l’édition d’un manga béninois est en cours de préparation avec des artistes et des contes traditionnels locaux.

 


Remerciements :
Ce petit bilan se termine, place maintenant aux nombreux remerciements destinés aux personnes ayant permis à ce projet d’aboutir.
Un immense Merci au Major et à Victoire pour leur présence et leur soutien engagé au projet et pour leur aide au quotidien, un Merci tout aussi grand à Joachim qui, par sa gentillesse et sa droiture, nous a aidé à démêler nombre de difficultés liées à la méconnaissance du milieu et à notre statut de femmes blanches, merci à Léanon, Koudi, Adèle, Sénamé, Olakotan, Sodjinin, Philomène, Tchiounsé, Georgette, Célestin, Nathalie, Joséphine, Yvette et Agnès de Gbézé pour tous ces merveilleux moments partagés, à Simone, Odile, Pélagie, Gnonvor, Marie, Dadjin, Denise, Julienne, Célestine, Aubiège, Béatrice, Adjo, Gisèle, Séraphine, Martine, Soualiɖè, Tchiounsé, Léane et Diane de Tchatéhoué pour ces autres moments tout aussi beaux, merci aux chefs des villages de Gbézé et de Tchatéhoué pour leur soutien au projet, merci au directeur de l’école de Tchatéhoué pour le prêt du local dans son école, merci au mari de Léanon de nous avoir permis de faire cours sur sa propriété, merci à Monsieur le Maire d’Aplahoué, merci à Tarek pour ces échanges ô combien porteurs et à cette occasion de participer au projet « Manga for Africa », merci à Marie-Jeanne, Mireille, Carole Lesur, Dominique, Sylviane, Esther, Romain, Yannick Baillet, Brigitte Simon, Carine Orlando, Christelle Kervern, Marianne Vincent, Céline Troley, Samuel Morvan pour leur soutien financier (entre autres), merci à Raymonde et à Abdou de nous avoir incité à venir découvrir leur pays et de nous avoir aidé à préparer ce projet, merci à Sedric pour ses conseils, sa gentillesse et sa droiture, merci à Hélène Yi Gaillard et Yveline Oly Vu de nous avoir confié leurs mangas, merci à toutes les personnes qui, de près ou de loin, par leurs sourires spontanés et quotidiens, nous ont permis de nous faire apprécier cette belle expérience de vie qui restera une somme de petits bonheurs inoubliables malgré les difficultés rencontrées qui, inhérentes à tout réel Voyage, se révèlent toujours être sources de précieux apprentissages. J’ai gardé le plus grand des mercis, me concernant, pour la fin. Cet infini merci, je le destine à ma Maman que j’aime, elle qui est toujours présente lorsque cela s’avère nécessaire. Je suis très heureuse d’avoir vécu cette expérience extraordinaire avec toi Maman … merci !

 

 

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